Violette Morris, un destin incroyable qui s'achève sur une route de campagne euroise en 1944
Violette Morris en 1913, en tenue sportive
Elle s’appelait Violette Morris, elle est morte à l’âge de 51 ans, sur une petite route de campagne près de Lieurey, le 26 avril 1944. Abattue par les membres du maquis normand Surcouf.
Sportive accomplie dans de nombreuses disciplines, ambulancière sur le front pendant la première guerre mondiale, femme libérée, collabo… Violette Morris a déjà inspiré plusieurs documentaires.
Elle fume, elle jure et porte des pantalons
Le dernier en date, une bande dessinée historique en quatre tomes. Le premier volet « Violette Morris, à abattre par tous moyens / Première comparution » vient de paraître (par Javi Rey (dessin), Kris et Bertrand Galic (scénario) et Marie-Josèphe Bonnet (dossier historique), aux éditions Futuropolis, 16 €).
Entre exploits sportifs, scandales, patriotisme et collaboration, le destin de Violette Morris s’efface parfois sous les affres de la réprobation d’une époque trouble. Retour sur un destin hors norme.
Patriote
Née le 18 avril 1893 à Paris, d’un père baron et d’une mère palestinienne, Violette Morris fréquente un couvent belge durant sa jeunesse. Elle devient ambulancière sur le front de la Somme puis transmet les messages sur le front de Verdun pendant la première guerre mondiale.
Sportive de haut niveau
Dès 1912, Violette Morris se distingue dans plusieurs disciplines sportives. Lancer de poids, de disque, joueuse de football, de water-polo, boxeuse, pilote automobile… Le nombre des titres qu’elle remporte au niveau national et international est impressionnant.
Elle fume, elle jure et porte des pantalons
Violette Morris est une femme libre, elle porte des pantalons, fume et jure (beaucoup) affiche son attirance pour d’autres femmes, affronte, lors de combats de boxe, des hommes… Elle ira même, en 1930, jusqu’à subir une mastectomie bilatérale afin de mieux tenir le volant dans un cockpit d’automobile. Une liberté de moeurs qui contribuera, peut-être, à noircir le portrait de Violette durant la seconde guerre mondiale...
Le port de vêtements d’homme lui vaut les foudres de la Fédération française sportive féminine qui refuse de renouveler sa licence. Ce qui l’empêche de participer aux Jeux olympiques d’été de 1928, proposant pour la première fois des épreuves ouvertes aux femmes. Elle perd le procès qu’elle intente à la Fédération. Certains historiens estiment que cet événement a participé à faire basculer Violette Morris.
Elle se convertit avec plus ou moins de succès, dans le music-hall, ouvre un magasin de pièces automobiles.
Les jeux olympiques de Berlin
En 1936, elle assiste, en tant qu’invité d’honneur, aux jeux olympiques de Berlin. C’est là qu’elle est approchée par des recruteurs allemands. C’est le début de sa collaboration avec l’Allemagne nazie. Peut-être le culte du corps a t-il contribué à séduire cette sportive accomplie.
Violette Morris participe aux démantèlement de réseaux de résistance du grand ouest. Certains historiens, comme Raymond Ruffin, en font un membre de la Gestapo et lui attribuent des actes répétés de tortures sur des prisonniers. Ce qui n’est pas la position de Marie-Josèphe Bonnet qui participe à la série de quatre BD publiée par Futuropolis.
Une femme à abattre ?
Violette est probablement ajoutée à la liste des personnes à abattre par les services de renseignements britanniques ou le service de renseignement et d'actions clandestines de la France libre.
Le 29 avril 1944, le maquis Surcouf tend un guet-apens sur une route de campagne et crible de balles Violette ainsi que les passagers de sa voiture, le couple Bailleul, également collaborateurs. Qui était visé ? Les avis divergent également entre historiens.
C’est le point de départ de la BD de Javi Rey, Kris et Bertrand Galic. Pour suivre le fil de cette histoire, les scénaristes ont inventé le personnage de Lucie Blumenthal, amie juive de Violette Morris et avocate radiée pendant l’Occupation qui mène l'enquête.
- « Violette Morris, histoire d’une scandaleuse», de Marie-Josèphe Bonnet aux éditions Perrin :
- « Vivre et survivre dans la résistance, le maquis Surcouf, 1942-1944 », « Journal du maquis du Débarquement à la libération » et « Au cœur du Vièvre avec le maquis Surcouf » de Marceau Corblin (fils de résistant), éditions Société historique de Lisieux ;
- « Violette Morris, la hyène de la Gestapo», de Raymond Ruffin, Cherche Midi ;
- « La diablesse, la véritable histoire de Violette Morris », de Raymond Ruffin, Pygmalion.
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